Seulement polir

Écrire, s'en battre les couilles. Jouir des mots qui coulent.
Comme un délicieux nectar à travers les doigts.
Que ce soit à l'ordi ou manuscrit, vous sentez ces quelques centimètres cubes d'eau battre les pales de votre moulin.
Chaque mot crée le même plaisir que le précédent et le prochain.
Parfois, oh oui parfois, le flux vous autorise à vous poser et prendre du recul sur une oeuvre dont la beauté vous emplit de gratitude.
Jamais, oh non jamais, n'auriez-vous pu la préméditer.
Mais maintenant, elle est là, accouchée.
Et vous vous demandez quel est le sens de tout cela.
De toutes ces choses qui arrivent dans le réel en passant par vos doigts.
Quelque part, vous savez que ce n'est pas vous. Que cela passe par vous mais que vous ne "créez" pas.
Vous vous relaxez, lâchez prise, n'avez aucun objectif en tête.
Et accueillez.
Vous accueillez ce que le jour a pour vous à l'ordre du jour.
Vous accueillez ses rimes lorsqu'il les décide. Mais n'interférez pas pour les polir.
Ou plutôt si, c'est exactement et seulement ce que vous faites : vous polissez, après coup.
Limez les angles, échardes, rugosités. Mettez du vernis. Mais c'est tout ce que vous faites.
La sculpture était là.