Papy

Je retiens un papy toujours plein d’entrain, le cœur droit et vaillant. Toujours prêt à prendre l’apéro pour fêter quelque chose.
Et s’il n’y avait rien à fêter alors... on trouvait quelque chose !

Je plaisante.

Là où je ne plaisante pas, ce sont ces soirées, enfant, qui m’ont toujours marqué, où l’on imaginait ce que l’on ferait si on gagnait au loto.
Avec Papy, ça commençait toujours par « alors déjà, je donne un million à chacun de mes enfants et petits-enfants ! »

Mais ce n’est pas des millions d’euros qu’il nous a donnés papy. C’est des millions de sourires et de moments de rire.

Oh oui, on a ri. On a beaucoup ri.

Je me souviens de ne même plus pouvoir respirer, une fois, dans la cuisine à la maison. Quand il me disait encore une fois que : « les communistes, c’est donne-moi ta montre et je te donnerai l’heure ».
J’explosais de rire à chaque fois car à chaque fois il me le disait comme si c’était la première fois.
Puis, en me voyant rire, il me disait (aussi à chaque fois) : « Tu rigoles mais c’est vrai ! »

Ah papy, sacré papy.
Je retiens tes tics de langage si drôles et attendrissants.
Tous ces « elles » que tu remplaçais par des « ils ».
Tous ces « ils » qui prenaient la place des « elles ».
“Il est bonne la soupe”.
Mais alors, s’il y avait des courgettes dans la soupe, alors là, c’était le pompom du rire : “il est bonne la soupe aux Gourgettes” !!

Je me souviens d’un papy très humble, qui n’avait jamais honte de raconter les moments durs de sa vie ou de son enfance. Un papy qui était sans tabou, un papy qui ne voulait pas qu’il y ait de tabou. Un papy qui parlait cash, qui disait les choses telles qu’elles étaient « et 'pis c’est tout ».

Je me souviens des histoires que je n’ai pas vécues car j’étais trop jeune ou pas encore né, mais que lui-même racontait ou que ma mère me racontait.
Et Papy, ça mettra tout le monde d’accord, avait les valeurs du Travail, de l’Humilité et du Sacrifice.

Je me souviens aussi d’un papy toujours motivé quand il fallait apprendre qqch sur l’ordinateur, toujours très curieux de la technologie, à toujours suivre ce que mon père faisait à l’écran quand il lui montrait quelque chose.
Et toujours très reconnaissant après qu’on lui ait installé une simple boîte mail ou alors "Néflix".

Je me souviens d’une ambiance de vacances d’été, où IL était l’ambiance à lui seul, sans même s’en rendre compte :
Quand il se grattait la tête avec la tapette à mouches ou que mamie lui disait - chaque soir - d’arrêter de faire du bruit en se grattant les ongles devant la télé.

Je me souviens aussi d’un grand père extrêmement doué de ses mains.
Son cercueil, il aurait pu le construire lui-même en 5 min.
Je me souviens de cet atelier plein d’outils dans le jardin qui me faisait rêver quand j’étais enfant. Je me demandais toujours à quoi servaient toutes ces scies, tous ces ustensiles.
J’avais été tellement heureux le jour il m’avait donné une paire de jumelles, puis le jour où il m’avait construit un lance pierre, ou encore pour finir, le rêve de tout enfant : le jour où il m’avait donné un pistolet à billes.
Il m’avait juste dit : « par contre, tu ne tireras pas sur les poules sinon je vais avoir des problèmes avec le voisin ».

Je me souviens d’un papy force de la nature.
Bien que son cancer ait fini par revenir et par l’emporter, il a été un exemple de force incroyable pour tout le monde quand il avait gagné la première bataille.
Je m’en souviens très bien, au téléphone, il avait toujours la pêche. Il disait : « Je garde le moral, je fais confiance aux médecins ».

Pendant toutes ces dernières années difficiles d’un point de vue de la santé, il gardait la pêche...
Et l’appétit !
Encore 1 semaine avant sa mort, il mangeait des crêpes chez la voisine.
Car oui, je me souviens d’un papy gourmand. Oh oui très gourmand, qui adorait la cuisine de mamie.
Qui sauçait son assiette toujours jusqu’à la moindre goutte. Et comme il le disait lui-même à la fin en la montrant : « y’a même pas besoin de la laver, tu peux la ranger comme ça ».
Et quand on faisait passer le plat pour se servir et qu’il disait : « servez-vous, servez-vous, moi je terminerai ».

Aujourd’hui, il a terminé.

Merci d’avoir été ce personnage, en plus d’avoir été mon grand-père.
Tu nous as tous tellement marqué et on parlera de toi encore et encore.
Je t’aime fort mon papy