Libéré des formes

J'entends des bruits derrière les murs.
Des gens qui parlent ?
Il y a toujours des gens qui parlent, qui mettent des yeux dans les trous de la masure, dans les trous de serrure.
Je ne me sens pas épié pour autant.
C'est dans l'autre sens. C'est moi qui les vois.
Ces narratifs désuets. Qui viennent empêcher.
Tout. De faire, de créer, de profiter.
Te faisant croire que tu cherches quelque chose, attends quelque chose.
Alors que tout se passe dans le faire-maintenant.

Oui, ces yeux, c'est moi qui les vois.
En fait, ils me regardent par les trous car je les ai mis dehors. C'est tout ce qui leur reste.
Avant, ils étaient dans la pièce. Ils prenaient toute la place. Ils dansaient avec moi comme de faux amis.
Pendant longtemps.
Ces faux-amis étaient de futures virtuelles versions de moi.
Que je ne voulais pas, qui n'étaient pas moi. Mais je ne le savais pas.

Elles m'auront fait danser, oh oui, danser.
Une danse macabre, vampirisante.
(NDLR : Je viens de rencontrer Lolita, qui d'elle-même s'exclame : "On est prisonniers de nous-mêmes !")
Une danse tellement paralysante.
Alors que l'écriture est une jouissance.
La création, une jouissance.
C'est tout ce qu'il y a.
Ce n'est pas à toi de donner du sens.
Pas aux illusions de mener la danse.
Avec elles, on se cogne aux murs.
Alors que danser se génère de l'intérieur.
Ces maitres-danseurs... étaient en fait chanteurs.

Je danse maintenant seul dans la cabane, bouge comme cela me fait du bien.
J'échappe à toutes les formes car je n'en ai pas besoin.
Pire : car elles me tuent.
C'était soit elles soit moi.